mercredi 29 janvier 2014

Reportage sur les 30 ans sur Radio-Canada

Filmée pendant les dernières répétitions de leurs plus récentes créations, Icare, au Théâtre du Nouveau-Monde.
Interview par Maxence Bilodeau.



Vidéo sur le site de Radio-Canada

mardi 28 janvier 2014

Les 30 ans de 4D art: jardin des merveilles





PHOTO: ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE 

Michel Lemieux et Victor Pilon fêtent les 30 ans de leur compagnie 4D art.

LUC BOULANGER

Toujours très actifs


Depuis 30 ans, Michel Lemieux et Victor Pilon
proposent des spectacles hybrides alliant le réel
et le virtuel, en fusionnant les arts de la scène et
les nouveaux médias. Pour transcender les arts
vivants et la technologie moderne.
Michel Lemieux croit que le secret du succès de la compagnie qu'il
codirige avec Victor Pilon peut se résumer en un mot:
émerveillement. «Notre processus de création fait beaucoup appel
au potentiel d'émerveillement chez les spectateurs, dit-il. Pour
Victor et moi, la capacité de s'émerveiller et de rêver habite tout le
monde, depuis l'enfance. Nos spectacles sont comme une porte
ouverte sur cette enfance.»
À l'occasion du 30e anniversaire de leur compagnie, 4D art, les
créateurs multimédias Michel Lemieux et Victor Pilon ont rencontré
hier les médias. En compagnie de directeurs artistiques de trois
grands lieux culturels montréalais: Lorraine Pintal du TNM, Nathalie
Bondil du Musée des beaux-arts et Michel Gagnon de la Place des
Arts. Ils ont dévoilé une série d'activités qui se tiendront à Montréal.

Après Icare, qui est à l'affiche du Théâtre du Nouveau Monde
jusqu'au 8 février, ces «frères siamois de la culture» reprendront
leur spectacle hommage à Norman McLaren, à la Cinquième Salle
de la Place des Arts, du 27 mars au 12 avril. Cette reprise de
Norman s'inscrit dans le cadre du 100e anniversaire de la
naissance du regretté cinéaste de l'ONF.

Ensuite, les artistes auront carte blanche pour créer une installation
au Musée des beaux-arts, du 1er mai au 31 août. La directrice du
MBAM, Nathalie Bondil, estime que les créateurs retourneront «à
leurs origines» d'artistes visuels, en investissant l'espace du carré
contemporain du Musée. En effet, Lemieux et Pilon ont commencé
respectivement en performance et en photographie.
Pour clore les événements du 30e anniversaire, Blimp Télé produit
un documentaire qui suit durant une année le parcours créatif et la
collaboration particulière entre Lemieux et Pilon. Réalisé par Michel
Barbeau, le film sera diffusé sur les ondes d'ARTV et de
TéléQuébec. Il sera présenté en primeur au MBAM en mai
prochain.

Quatre événements marquants

Starmania, l'opéra (2009)

La version opératique de Starmania, produite par l'Opéra de
Montréal, a vu le jour 30 ans après la création du grand succès de
Luc Plamondon et Michel Berger, avec une scénographie et une
mise en scène remarquables. Des projections très efficaces sur
des écrans gigantesques qui permettent aux spectateurs de
voyager d'un univers spatio-temporel à l'autre.

Norman (2007)

Le tandem Lemieux-Pilon transpose en multimédia l'oeuvre du
grand cinéaste canadien Norman McLaren. La critique souligne
unanimement la réussite de l'entreprise. «Un spectacle ouvert,
accessible et enchanteur, que l'on connaisse l'oeuvre de McLaren
ou non», écrivait-on dans La Presse, lors de la création du
spectacle en 2007, à la Cinquième Salle. Le spectacle sera repris
au même endroit, du 27 mars au 12 avril. À voir.

La Tempête (2005)

Pour leur première production sur la scène du Théâtre du Nouveau Monde, les fondateurs de 4D
art s'associent avec la metteure en scène Denise Guilbault pour revisiter la dernière pièce de
Shakespeare. Personnages virtuels et réels se côtoient sur scène et font disparaître les
frontières entres les disciplines artistiques. «L'accostage multimédia est réussi», soulignait LaPresse.

Orféo (1998)

«Étonne-moi!», a dit jadis Serge Diaghilev à Jean Cocteau. En revisitant le mythe grec d'Orphée
et Eurydice, c'est exactement ce qu'ont fait Michel Lemieux et Victor Pilon. Ce spectacle
chorégraphique et technologique a aussi tourné en Amérique du Nord. «Virtuel et vertueux», titre, le Washington Post. «Visuellement, Orféo est sans aucun doute ce que j'ai vu de plus fort dans toute mon existence», lance le critique de La Presse.

Article sur le web!

Un univers théâtral éblouissant


Un univers théâtral éblouissant

Louise Bourbonnais
Samedi, 18 Janvier 2014, 21:55





Photo Courtoisie, Yves Renaud

Le mariage entre un conte vieux comme la démocratie et les nouvelles technologies est particulièrement bien réussi.
Magie, illusions et effets spéciaux, voilà qui résume bien, la nouvelle création, du duo Michel Lemieux et Victor Pilon. Le
pari qu’ils se sont lancé en reprenant le conte d’Icare, qui remonte à l’Antiquité grecque, en le transposant dans un
univers contemporain, voire futuriste, a été relevé avec brio. Un spectacle qui a manifestement ébloui les spectateurs du
TNM, le soir de la première, jeudi dernier.
Le spectacle est tout simplement renversant, tout l’espace étant occupé par un heureux mélange de réalisme où se superposent le
fantastique et l’imaginaire. Grâce à une technologie des plus sophistiquées, exploitant de façon avisée le multimédia, le décor se
transforme sous nos yeux d’un instant à l’autre, provoquant des moments riches en émotions.
Icare, personnage appartenant à la légende, fils de l’architecte athénien Dédale, est celui qui selon la mythologie grecque, serait mort
après avoir volé trop près du Soleil, faisaient fondre ses ailes faites de cire et de plumes que son père lui aurait fabriquées.
L’insouciance et la soif de liberté auraient eu raison de lui, le précipitant directement dans la mer Icarienne.

RELATION PÈRE-FILS

Si la mise en scène est spectaculaire, l’histoire elle est simple. Elle demeure néanmoins touchante. Il est principalement question d’un
père et de son fils qui souffrent tous les deux, n’arrivant pas à s’aimer tels qu’ils sont. Le père, de tempérament colérique, est
contrôlant envers son fils. Il souffre d’un manque de reconnaissance de la part d’Icare. Quant à ce dernier, il estime ne pas avoir été le
fils carriériste que son père aurait tant souhaité. Au final, il en résulte une rivalité père-fils dans un contexte de déceptions.
PERSONNAGES VIRTUELS

Outre les deux principaux personnages, Renaud Lacelle-Bourdon et Robert Lalonde, personnifiant Icare et son père Dédale,
accompagnés de la chanteuse mezzo-soprano Noëlla Huet, s’ajoutent à la distribution trois personnages virtuels, dont, notamment,
Pascale Buissière, qui incarne la mère décédée d’Icare.
Les effets spéciaux, où les personnages réels et virtuels arrivent à s’entrecroiser sur scène pour finalement se fondre littéralement
entre eux, ajoutent énormément à la magie du spectacle.
La finale de la pièce nous laisse complètement bouche bée devant les images grandioses et majestueuses qui se dessinent devant
nous.
Une très belle pièce pour redécouvrir le théâtre, traité différemment.

Icare sur Voir TV!



"Du pur bonbon"

"le TNM disparaît sous les projections de Lemieux et Pilon", 

"Des grands moments de beauté et d'émotions!", 

Christian Saint-Pierre, VOIR





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lundi 6 janvier 2014

Michel Lemieux et Victor Pilon collent leur magie au riche mythe d’Icare

   







Avant la chute
28 décembre 2013 | Christian Saint-Pierre | Théâtre

« Que l’on se souvienne de mon ascension fulgurante et non de ma descente funeste. Ne me tuez pas une seconde fois en me résumant à une chute. » C’est ainsi qu’Icare s’adresse à nous, avec les mots magnifiques d’Olivier Kemeid, dans le spectacle que Michel Lemieux et Victor Pilon s’apprêtent à dévoiler sur la scène du TNM. C’est ainsi donc que le jeune homme, incarné par Renaud Lacelle-Bourdon, insiste pour que nous gardions en mémoire sa vie bien plus que sa mort, autrement dit, que nous nous intéressions aux raisons qui l’ont incité à voler trop près du soleil, bien avant d’épiloguer sur les conséquences de son geste.

L’adaptation du mythe grec par les codirecteurs de 4D Art, une compagnie qui célèbre cette année 30 ans de création multimédia (voir l’encadré), est bien entendu contemporaine. Les mythes ne sont pas « de vieilles choses qu’on trouve dans des livres poussiéreux, estime Lemieux. Nos existences sont empreintes de mythes. Je dirais même qu’on peut lire nos vies au travers de ces histoires, qui sont encore parfaitement en phase avec notre époque. Comme quoi l’homme reste essentiellement le même. C’est la même chose pour le genre de théâtre qu’on fait. La technologie qu’on emploie, la magie qu’on convoque, toute moderne qu’elle soit, s’appuie sur des procédés séculaires, des méthodes vieilles comme le monde. »














Photo : Annik MH De Carufel - Le Devoir

Victor Pilon et Michel Lemieux s’attaquent à un mythe tout sauf poussiéreux avec Icare, au Théâtre du Nouveau Monde.

Dans le labyrinthe de sa mémoire

Dédale, le père d’Icare, est une ancienne vedette de l’architecture, un homme brisé, réfugié en pleine forêt, reclus, incapable de faire ses deuils, errant dans le labyrinthe de sa mémoire. L’action du spectacle se déroule pour ainsi dire dans sa tête. L’homme incarné par Robert Lalonde est hanté par son passé, si bien qu’il reçoit la visite de plusieurs entités, réelles et virtuelles : son fils (enfant et adulte), un ancien élève (Maxime Denommée), sa femme (Pascale Bussières) et un coryphée à la voix d’or (Noëlla Huet).

« Ce sont la mort récente de mon père, révèle Lemieux, et plus précisément les visions qu’il avait en fin de vie qui m’ont poussé à faire ce spectacle. Alors que Victor et moi créons des hallucinations depuis des années, être d’une certaine façon confronté à celles de mon père délirant, je vous jure que c’est une expérience très particulière. »

C’est à ce moment-là que le tandem décide de travailler sur la relation père-fils. Le mythe d’Icare était, pour ce faire, une matière toute désignée. « Ça nous permettait de parler de ces gestes que les enfants posent et que les parents considèrent comme déraisonnés, indique Lemieux. Il y a chez le fils un besoin fondamental, viscéral, pour ne pas dire naturel, de défier l’ordre établi, de rejeter les valeurs du passé. C’est l’un des aspects les plus intemporels de cette histoire. Outre l’insouciance de la jeunesse et le désir de se libérer du joug paternel, de tout ce que le père symbolise de conventions sociales et d’interdits, le mythe nous permet aussi d’aborder des sujets comme le pardon, la transmission, la réussite et la mémoire. »

« D’un point de vue formel, précise Victor Pilon, le mythe d’Icare cautionnait fortement la présence du virtuel. J’irais même jusqu’à dire que cette histoire appelait les fantômes. On tient toujours, Michel et moi, à ce que les projections vidéo soient essentielles, absolument nécessaires au récit. On n’a pas du tout envie de plaquer la technologie sur la représentation. Il faut qu’elle ait un sens profond. On est d’abord et avant tout là pour raconter une histoire, servir des personnages et des destins. »

30 ans à rêver sur les contours du virtuel

Déjà 30 ans que Michel Lemieux et Victor Pilon mélangent le théâtre, le cinéma, la danse, la musique et les arts visuels. En 1996, avec Grand Hôtel des étrangers, le tandem s’engage dans une voie nouvelle, une rencontre fascinante entre le réel et le virtuel. Suivront notamment Orfeo (1998), Anima (2002), La tempête (2005), Norman (2007) et La belle et la bête (2011). On compare les deux créateurs à des magiciens, à des illusionnistes, à des inventeurs scéniques. On loue ici et ailleurs leur imaginaire débridé et leur impressionnante maîtrise technique.

Pas question pour le tandem de célébrer ses 30 ans en s’assoyant sur ses lauriers. L’agenda est déjà rempli jusqu’en 2017.

Norman, leur vibrant hommage au cinéaste Norman McLaren, sera de retour 
à la Cinquième Salle de la Place des Arts à la fin mars.

Continuum, le poème cosmique sur des musiques de Philip Glass, est toujours à l’affiche du Planétarium de Montréal.

Cité mémoire, une installation créée en complicité avec Michel Marc Bouchard, sera inaugurée en 2015 et verra son aboutissement à l’occasion du 375e anniversaire de la ville de Montréal.


À la fin avril, au moment même où un documentaire sur la compagnie sera diffusé par ARTV, Michel Lemieux et Victor Pilon feront leur entrée au Musée des beaux-arts de Montréal. Rien de moins. « Nathalie Bondil nous a invités à déplacer notre art visuel de la scène au musée, explique Pilon. On a décidé de concevoir une installation qui revient sur nos 30 ans de création. Les visiteurs vont passer cinq minutes dans chacun des spectacles. Il y aura des projections, des décors, de la musique et des personnages virtuels. Ce sera comme un labyrinthe de petits poèmes immersifs. On souhaite que ce soit une expérience, même pour ceux qui n’ont pas vu les spectacles. »